Édition du mercredi 29 janvier 2003
La réforme des régionales fait l'unanimité contre elle
"Inadmissible", "coup d'état électoral", "tripatouillage": la réforme du scrutin régional, intègrant l'exigence de l'UMP d'obtenir 10% des inscrits pour participer au second tour, fait mardi l'unanimité contre elle parce qu'elle menace les formations minoritaires.
Le projet, qui devrait être examiné mercredi au Conseil des ministres, comportait, dans sa version initiale, un seuil de 10% des suffrages exprimés, ce qui permettait à certains partis d'espérer pouvoir se maintenir au second tour. Mais le relèvement, à la demande de l'UMP, à 10% des électeurs inscrits (ce qui correspond, avec un taux d'abstention de 50%, à 20% des votants) rend le second tour difficilement accessible.
Ainsi, lors des régionales de 1992 et 1997, si l'on prend les résultats globaux, seules deux listes auraient pu passer le cap du second tour, celle du PS et de ses alliés, et celle RPR/UDF. Les taux d'abstention aux régionales étaient respectivement de 31% en 1992 et de 42% en 1998.
A tous ceux qui critiquent cette nouvelle version du projet gouvernemental, le président du groupe UMP à l'Assemblée, Jacques Barrot, a répondu que le système retenu permettait tout à la fois d'avoir "des minorités représentées" et des "régions gouvernables". Pour lui, cela va "pousser les gens qui ont été présents au premier tour à négocier leur entrée dans une majorité régionale en rejoignant la liste de leur choix".
Mais même au sein de l'UMP tout le monde n'est pas d'accord avec cette réforme. Ainsi, le président de la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale, Patrick Ollier (UMP), "préfère" le seuil de 10% des suffrages exprimés pour qu'une liste puisse se maintenir : "Quand on a une majorité aussi forte que la nôtre, il ne faut pas donner l'impression qu'on veut contraindre les petits partis à passer sous certaines fourches caudines", explique-t-il.
Déjà la semaine dernière, le député Nicolas Dupont-Aignan et le sénateur Jean-Louis Masson, tous deux UMP, avaient critiqué ce seuil. M. Masson demande, du coup, à tous les parlementaires de censurer la réforme constitutionnelle sur la décentralisation à Versailles, car les nouveaux conseils régionaux n'auraient "ni légitimité ni représentativité".
Toute la gauche et le reste de la droite sont hostiles à cette réforme régionale. François Bayrou parle de "tripatouillage" et de "charcutage". Il appelle à la création du "le mouvement des 63" (82% obtenus par Chirac au second tour de l'élection présidentielle de mai moins les 19% recueillis au premier tour) "pour défendre le pluralisme et les droits du citoyen".
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